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Patiner en hiver, pédaler en été

Vincent De Haître n’a jamais été superstitieux.

Il s’agit d’une bonne chose dans son cas. Il deviendra dans les prochains jours le 13e athlète canadien de l’histoire à participer en carrière autant à des Jeux olympiques d’été que d’hiver.

Le Franco-Ontarien de Cumberland, près d’Ottawa, prendra le départ de l’épreuve de la poursuite masculine par équipe en cyclisme sur piste, du 2 au 4 août, à Tokyo. Il avait déjà vécu l’aventure olympique en patinage de vitesse à deux reprises, dont en 2018 à PyeongChang.

« Je sais que je suis avant tout un bon athlète. Et la seule façon de le prouver, c’est de connaître du succès dans un autre sport. J’aime les défis puis j’aime le vélo. Je voulais montrer que j’étais capable de faire autre chose que patiner vite », a raconté De Haître avant son départ vers le Japon.

Ce dernier a fêté ses 27 ans en juin. Il détient un titre de vice-champion du monde de patinage de vitesse sur longue piste. Plus précisément au 1000 m.

Un exploit qu’il avait réalisé en 2017.

Un an plus tard après les Jeux d’hiver, ce fut la décision de tenter sa chance sur une autre piste. La glace cédant la place au bois franc du vélodrome de Milton, en banlieue de Toronto.

De Haître a été accueilli à bras ouverts par Cyclisme Canada. On se souvenait de ses performances au milieu des années 2000 en vélo.

À l’époque, il avait amélioré le record canadien au contre-la-montre lors des Jeux panaméricains.

Ajoutez à cela une participation aux Jeux du Commonwealth en 2014, prenant le septième rang justement au contre-la-montre.

« Il reste que je devais prouver à tout le monde ce que je pouvais apporter », a-t-il dit de son retour en cyclisme sur piste.

« Je n’ai presque pas fait de courses la première saison. J’ai trouvé ça difficile. Je n’étais pas habitué à ça. En patinage de vitesse, je participais à toutes les Coupes du monde et les championnats du monde. »

Mais De Haître a fini par combler le retard. On lui a même confié un rôle important en vue des Jeux olympiques. C’est lui qui a le mandat d’être agressif au départ.

« Puisque je suis plus gros et plus puissant, on m’utilise pour les deux premières minutes. Ça permet aux autres gars de faire moins d’effort, de garder leur énergie pour la deuxième moitié de la course. »

Résultat, on ne verra pas De Haître franchir le fil d’arrivée.

« Ce qui est spécial avec la poursuite, tu as seulement besoin que trois des quatre gars de l’équipe traversent la ligne d’arrivée. C’est le temps du troisième qui est comptabilisé. Habituellement dans mon cas, je dois débarquer de la piste avant la fin. »

Ça ne semble pas le déranger.

« Je suis comme le gardien au hockey. Même si ce n’est pas moi qui marque le but gagnant, j’ai un rôle quand même important. »

Le Canada espère se frayer un chemin jusqu’au podium. Il était classé à un certain moment quatrième au monde dans la poursuite par équipe chez les hommes.

Mais aux championnats du monde présentés en 2020 avant le début de la pandémie, « nous avons eu une mauvaise compétition », a avoué De Haître.

« Nous avons terminé 11e, a-t-il ajouté. Je pense que le fait que les Jeux ont été repoussés d’un an aura été une bonne chose pour nous. Ça nous a permis de nous améliorer et de faire plusieurs simulations de course. Nous n’avons jamais été aussi rapides. Notre temps nous aurait donné une médaille en 2016 à Rio. »

Si l’année supplémentaire a été bénéfique pour ses coéquipiers et lui, elle lui a aussi causé des maux de tête.

C’est que Vincent De Haître espère renouer avec le patinage de vitesse aux Jeux olympiques prévus en février 2022, à Pékin.

« J’ai passé la dernière année à m’entraîner autant en cyclisme sur piste qu’en patinage de vitesse. Dès que les Jeux d’été sont terminés, je reviens à Calgary pour recommencer à patiner à temps plein. J’aurai huit semaines pour me préparer pour les sélections de la Coupe du monde. »

Des étapes de la Coupe du monde qui permettront aux athlètes de se qualifier en vue des Jeux d’hiver à Pékin. Sinon, il y aura une compétition de la dernière chance qui s’offrira à lui, tôt en janvier.

Vincent De Haître

Discipline : Cyclisme sur piste

Âge : 27 ans

Fait intéressant : Participera aux Jeux d’été après avoir goûté aux Jeux d’hiver à deux reprises en patinage de vitesse sur longue piste

Avant De Haître, il y avait Harvey

Entre deux sorties en vélo, Pierre Harvey gardera un oeil sur les Jeux olympiques lors des deux prochaines semaines au petit écran. Plus précisément sur Vincent De Haître.

«J’ai entendu son nom à plusieurs reprises, mais nous n’avons jamais eu l’occasion de nous rencontrer», note le légendaire Olympien québécois.

Ce dernier était Sotchi, en Russie, quand De Haître avait effectué ses débuts aux Jeux d’hiver en patinage de vitesse. Il était analyste aux épreuves de ski de fond.

«Mais je ne l’avais pas croisé», souligne-t-il.

Harvey, 64 ans, est bien placé pour bien saisir l’ampleur de l’exploit que s’apprête à réaliser l’athlète franco-ontarien. Il s’est aussi tapé autant des Jeux d’été que d’hiver durant sa carrière.

En 1984, il avait notamment skié à Sarajevo en février. Puis en juillet, il pédalait à Los Angeles.

«Quand je suis revenu des Jeux d’hiver, par un drôle de hasard, je me suis retrouvé en congé forcé. La compagnie pour laquelle je travaillais avait fait faillite. J’ai perdu mon emploi d’ingénieur mécanique. Je me suis alors donné un mois pour voir ma progression en vélo sur route, voir si je pouvais faire l’équipe olympique, avant de commencer à me chercher du travail.»

Un pari que Harvey avait remporté. Il ne cache pas sa fierté d’avoir été un des rares athlètes canadiens à concourir aux Jeux d’hiver et d’été en carrière. Une liste qui comprend notamment les Clara Hughes (cyclisme-patinage de vitesse), Hailey Wickenheiser (hockey-softball), Glenroy Gilbert (athlétisme-bobsleigh) et Robert «Bob» Boucher (cyclisme sur piste-patinage de vitesse).

«Ça démontre que j’étais polyvalent», dit-il, lui qui aura participé quatre fois aux Jeux (Montréal, Sarajevo, Los Angeles et Calgary).

Le sexagénaire n’est pas trop inquiet pour le jeune De Haître, qui s’attaquera à nouveau aux Jeux d’hiver dès son séjour à Tokyo terminé. Seulement six mois vont le séparer du prochain rendez-vous à Pékin, en 2022.

«Quand tu as une forme physique élevée comme la sienne, tu n’as pas besoin de repartir la machine à zéro, à tout refaire ta musculation. Tu n’as qu’à transférer tes habiletés à l’autre sport. Ça reste quand même une partie de poker. Mais il (Vincent) n’a rien à perdre. Ça sera excitant pour lui.»

Retraite méritée

Pierre Harvey profite bien de la retraite avec sa conjointe malgré la pandémie. Il s’amuse sur son terrain de jeu à Saint-Ferréol-les-Neiges. «À faire du ski l’hiver et du vélo l’été», précise-t-il.

«Nous avons un camion dans lequel nous pouvons dormir. Nous avons pu voyager partout au Québec, skier notamment en Gaspésie. Juste avant la pandémie en janvier 2020, nous avions décidé de faire une traversée du pays, nous rendant même à Salt Lake City. Nous nous sommes arrêtés dans tous les gros centres de ski de fond. C’était plaisant, même s’il a fallu revenir au Canada avant que la frontière ferme.»

«Quadzilla» débarque à Tokyo

Ses jambes sont tellement grosses qu’elles lui ont valu le surnom de «Quadzilla» durant son adolescence au club de patinage de vitesse des Concordes de Gloucester.

Un surnom qui le suit toujours, même en cyclisme sur piste. Même jusqu’aux Jeux olympiques à Tokyo.

«Les gens au Japon auront peut-être peur s’ils mélangent les premières lettres et pensent plutôt que c’est Godzilla», lance en riant Vincent De Haître, faisant allusion au mythique monstre nippon. «J’ai ce surnom depuis que je suis tout jeune. C’était à l’époque où tout le monde se donnait des surnoms. Mes coéquipiers l’avaient écrit sur un morceau de ruban. Ils voulaient que je colle ça sur mon casque en compétitions. Moi, il en était hors de question.»

Le bout de ruban s’est retrouvé plutôt sur un seau d’eau qui servait au club dans un aréna local.

«Je serais curieux de savoir si le sceau est encore là», affirme De Haître, qui s’entraîne et demeure maintenant à Calgary depuis presque 10 ans.

«J’avais mis le surnom à l’endos d’un chandail lors de ma dernière année à l’école secondaire. Puis durant une course en Coupe du monde aux Pays-Bas, je l’avais mentionné. L’annonceur maison s’en était servi par la suite en me présentant à la foule ! Si tu me regardes à partir du haut des hanches, je n’ai pas les allures d’un gars pesant. Mais quand tu regardes plus bas, j’ai beaucoup de masse.»

L’amateur de vitesse au cœur d’or

Une fière maman se trouvait au bout du fil.

Lucille De Haître parlait de fiston Vincent et son amour pour la vitesse dès un jeune âge. « Quand il était plus petit, il disait vouloir devenir coureur automobile plus tard », se rappelle-t-elle.

Son premier vélo, il l’a eu à l’âge de trois ans. « Il était bleu », se souvient De Haître.

Ce dernier ne voulait rien savoir des roues d’appoint que ses parents avaient installées à son vélo. « Je suis orgueilleux », avoue-t-il.

« Il nous avait regardés en disant : moi, je n’ai pas besoin de roues de bébé, confie Lucille De Haître. Il avait refusé d’embarquer dessus tant et aussi longtemps qu’on ne les avait pas enlevées. Depuis ce temps, Vincent n’est jamais débarqué d’un vélo ! »

Quand il ne patine pas ou ne pédale pas, De Haître aime partir en camping avec sa copine. Et quand il se trouve à la maison, il va jouer parfois au mécanicien sur ses vélos.

Sinon, on le retrouvera devant un écran. Il possède un simulateur de courses automobiles.

Enfant, il faisait même des courses de... motoneiges contre ses cousins.

Mais l’image que retient avant tout la maman, ce n’est pas celle du fier compétiteur.

« Les gens peuvent voir le compétiteur au regard froid, la personne qui est toujours concentrée, toujours prête à travailler. Mais les gens ne connaissent pas Vincent, le jeune au cœur d’or. »

Quelques anecdotes lui viennent en tête.

« À l’école primaire, une des filles qui était assise devant lui dans sa classe était décédée malheureusement dans un incendie. Vincent avait décidé d’écrire un poème et l’envoyer au Ottawa Citizen. Il avait écrit dans sa petite note qu’il trouvait triste que les gens attendent qu’une personne soit morte pour décrire toutes ses belles qualités », relate Mme De Haître.

« Et quand vient le temps d’aider les gens, Vincent est toujours là. À l’école, il se retrouvait souvent au bureau du directeur parce qu’il défendait toujours les jeunes qui étaient victimes d’intimidation. »

Aujourd’hui, ce sont les autres qui donnent un coup de main à De Haître.

Tiens il y a le comptable Luc Labbé, un associé de la firme Marcil Lavallée, qui a uni ses efforts à ceux de Sylvie Patenaude, de la firme d’avocats Sicotte Guilbault, de même qu’un autre homme d’affaires local, André Alie. Le trio a créé un groupe afin d’appuyer financièrement le patineur et cycliste depuis 2017.

« J’espère que vous pouvez mentionner à quel point des entreprises franco-ontariennes aident nos athlètes locaux, affirme Lucille De Haître. Ça pourrait inspirer d’autres compagnies à faire de même avec d’autres de nos athlètes pour leur permettre de réaliser leurs rêves. »

 
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